Voici un article qui va peut-être vous surprendre, voire peut-être vous choquer, puisque je vais parler de la mort. Et donc forcément de la vie.
Cet article a vu le jour en avril 2012 alors que je répondais à une amie sur ses soucis de santé qui se manifestent à une époque charnière de sa vie. Elle lâchait les vieux contrats, et entrait dans une phase totalement nouvelle. Sa santé s’en trouvait affectée au point qu’elle venait d’entrer à l’hôpital. Une autre proche amie à moi, maman de 3 enfants, se battait face à un cancer impitoyable. Elle et sa famille se trouvaient confrontés aux questions absolues, sans plus aucune marge pour les repousser. La maladie l’a emportée sans ménagement.
Et puis, deux mois auparavant, j’avais accompagné un ami jusque dans ses derniers instants. Nous avions eu, lui et moi, de nombreuses occasions d’échanger sur son chemin de vie, sur le sens de la mort, et sur son départ à lui. J’avais déjà eu l’honneur d’accompagner des personnes jusqu’au seuil de leur vie. Cela se produira encore. Enfin, j’entre dans l’âge où la génération qui m’a précédé commence à s’éclaircir. Cancer et maladies diverses ont rejoint mon quotidien, les adieux se multiplient.
De quoi inspirer les mots qui suivent…
D’âmes et de mots…
Je ne ferai pas de théorie ici. Je n’ai que mon expérience à partager. Les mots dont nous disposons pour évoquer l’aventure intérieure me paraissent flous et plombés d’histoire religieuse, ce qui ajoute à la difficulté. Nous manquons d’un langage précis, d’une ingénierie des expériences que nous vivons par delà l’horizon du visible. Les traditions spirituelles y ont consacré beaucoup d’effort, mais chaque fois la religion, mécanisme de contrôle social, ainsi qu’un mauvais usage populaire, ont détourné et dévoyé les mots de leur sens originel. Aussi, dans ce soucis de précision qui m’anime ici, ai-je l’habitude d’utiliser un corpus ontologique particulier : celui de Sri Aurobindo. Aurobindo, dont je partage une citation dans ce post, nous offre un vocabulaire concis, rigoureux et exhaustif, qui s’applique bien à l’expérience spirituelle contemporaine. Une ontologie moderne, internationale, universelle, car l’immense érudition d’Aurobindo s’étendait autant dans la culture occidentale qu’orientale. Les travaux de Ken Wilber, certes plus contemporains et qui ont tant d’influence aujourd’hui, prennent également racine dans l’ontologie d’Aurobindo.
Au-delà la disparité des religions, des pratiques spirituelles, des ontologies, des mythes et métaphores, mes voyages m’ont donné l’occasion de voir l’unicité totale et absolue de l’expérience directe. Tous les mystiques de la planète, j’entends ceux qui arpentent la conscience par l’expérience directe, vivent les mêmes choses, les mêmes séquences, les mêmes étapes dans leur cheminement. L’humanité a versé le sang et commis des génocides en se disputant sur les cartes et des façons de décrire le cosmos intérieur (elle aime tellement ça qu’elle n’en a pas fini), mais aucun mystique-chercheur sérieux ne peut se disputer sur l’expérience directe.
Par exemple, lorsque j’évoque un mot tel que l’âme, je n’opère pas à partir une opinion ou d’une croyance personnelle. L’âme relève de mon expérience directe, d’années d’exploration, d’introspection, de voyages intérieurs, de méditation, de corroboration d’expériences avec d’autres, d’étude des rêves… Une expérience qui se partage avec tout autre chercheur-explorateur ayant déjà suffisamment investigué, même si son vocabulaire diffère.
Ainsi, si vous n’avez pas fait l’expérience vous-même de l’âme — pour ne citer qu’elle — ne rejetez pas pour autant ce que je dis. Restez rationnel(le). La rationalité ne saurait se confondre avec le matérialisme. La rationalité nous entraîne aux antipodes de la croyance, elle implique qu’on ne réfute pas quelque chose sous prétexte qu’on ne l’a pas vu ou pas encore rencontré. On devient alors capable de garder au fond de soi les questions non résolues et les points d’interrogation sans suite. Les opinions n’ont pas leur place.
Je souhaitais poser cela avant d’aller plus loin.
La santé synonyme d’absence de maladie ?
J’en reviens maintenant à la santé, avec une première prémisse : la santé, je ne la définis pas comme l’absence de maladie, pas plus que je ne la réduis à un corps fonctionnellement sain. L’absence de maladie relève d’une sorte d’état neutre, de point zéro. La santé pousse le curseur vers un état positif et actif à partir duquel jaillit une indicible joie et une puissance créative de l’être qui ne connaît pas de limites. Cette joie et cette puissance se vivent dans le corps, dans le psychisme, dans nos pensées, dans nos gestes, dans notre acuité sensorielle et sensuelle, dans notre équilibre social. Voilà tout ce qu’implique la santé.
La plupart des soucis de santé que j’ai pu observer, les miens tout comme ceux d’autrui, m’apparaissent comme indissociables du vécu psychique. Ils semblent à chaque fois liés aux bouleversements profonds de notre structure intérieure, ces mutations qui se produisent lors des grands séismes de l’existence : les deuils, les naissances, les changements de mode de vie, le stress, nos relations amoureuses, les tensions familiales, les séparations, l’effondrement de nos croyances… Je n’ai jamais vu une personne, pour peu qu’elle s’ouvre suffisamment à elle-même, ne pas opérer de lien entre son histoire de vie et la maladie présentement vécue.
Le corps miroir
Je lis dans les corps comme à livre ouvert. J’ai une perception empathique naturelle que des années d’arts martiaux m’ont aidé à affiner, exactement comme le font les ostéopathes et bien des thérapeutes. Rien de surnaturel ici.
La plupart des gens, par exemple, respirent mal. Le mal-respirer exprime typiquement le stress et les interdits divers enracinés ci et là dans le corps. La plupart des gens ne savent pas non plus crier, pousser un vrai cri qui vient du fond des entrailles. Là encore se révèlent les blocages, les tensions intérieures, les interdits… La plupart des femmes ont une faiblesse dans les épaules, non parce qu’elles manquent physiquement de force, mais simplement parce qu’elles possèdent en elles un marqueur social inconscient qui stipule qu’une femme ne doit pas avoir de force dans les épaules. La force du torse ne doit appartenir qu’au masculin, point. Pire encore : la plupart des gens ne savent tout simplement pas relâcher totalement leurs muscles. Je pourrais continuer la liste, alors même que je me contente d’évoquer des grands maux présents chez presque tout le monde. Oui, pratiquement tout le monde vit en mauvaise santé. Lorsqu’on entre dans les cas particuliers de chacun, les blocages du corps apparaissent comme un moule qui raconte l’histoire psychique de la personne. Un vrai roman…
On voit à travers ces exemples la force d’une culture qui impose ses architectures jusqu’au fond des corps. De manière inconsciente et non-verbale, compromis et mécanismes auto-bloquant norment et bordent la psyché individuelle et collective. Par mimétisme et suggestivité, ces mécanismes se reproduisent d’une personne à l’autre dans l’espace, et d’une génération à l’autre dans le temps. Livre dans lequel s’écrit la doxa, le corps socialement soumis participe ainsi à la mise sous scellés de l’œuvre de Soi.
Alors la santé se laisse glisser dans une pente ronronante. Souvent douce, parfois abrupte. Le corps peut certes rester fonctionnel longtemps — j’en admire d’ailleurs la résistance ! — mais irrémédiablement il se calcifie, se rigidifie, et décline avec les années. Jusqu’au jour où la pente devient abîme. L’heure d’une rupture a sonné. Souffrance et maladie viennent sonner le gong de l’éveil, celui de la conscience.
Authentique, vous avez dit authentique ?
S’offrir volontairement et de manière proactive à une vie éveillée, provoque une rupture forte sans l’usage de la maladie comme déclencheur. La conscience prend les choses en main. La voici prête à opérer un grand saut. Chaque saut de conscience oblige à réouvrir le livre du corps, en effacer les mauvais contrats, en réécrire l’histoire. Le corps va se trouver fortement, voire très fortement sollicité.
Une vie authentique n’accepte aucune compromission, ni même aucun compromis. La tiédeur n’y a pas de place. Tout y devient absolu et vrai. Il n’existe aucune différence entre l’être et le faire, qui deviennent miroirs l’un de l’autre. Nous vivons nos relations de manière claire, sans mensonges, sans fausses politesses ou non-dits. On marche aux côtés de ceux que l’on a choisis, et on sait pourquoi. On n’habite pas un lieu qu’on n’adore pas. On ne travaille plus : on œuvre, autrement dit on fait uniquement ce que l’on aime.
Dans une vie authentique, le stress a disparu. Ce dernier n’a rien à voir avec l’intensité des choses que nous vivons, contrairement à ce que beaucoup croient. Le stress existe à cause du le fossé que nous installons entre l’être et le faire.
Beaucoup pensent que cette vie authentique que je décris, cette vie joyeuse et créatrice, implique une vie individualiste centrée sur le seul plaisir égoïste. Qu’ils aillent creuser et qu’ils expérimentent avant de dire cela, car ils parlent de ce qu’ils ne connaissent pas. Lorsqu’il n’y a plus de fossé entre l’être et le faire, on donne le meilleur de soi au monde, et on reçoit le meilleur du monde. On devient un cadeau, pour soi et pour les autres. La symbiose atteint sa perfection. “Plus facile à dire qu’à faire !“, diront souvent les mêmes personnes. “Et tous les devoirs de la vie, les enfants, les autres, les engagements dans la société ?” A eux, je réponds : quand tu vois un devoir et non une joie, alors ne le fais pas. Tu ne rends service à personne lorsque tu trimbales ton aigreur, tes rancœurs et ta bile. Pire, tu les diffuses autour de toi, par contagion. La joie aussi se veut contagieuse, alors choisis la bonne maladie.
Ne dis pas que tu ne peux pas rendre ta vie joyeuse et libre. Creuse un peu, et tu verras la fausseté de cette assertion. Combien de fois par jour te dis-tu “je ne peux pas” alors que, si tu y regardes bien, la plupart du temps tout se ramène à des choix que tu as enfouis et oubliés dans ton subconscient ? Tu as, nous avons tous, le pouvoir de choisir. Toujours.
Prôner cette joie et cette liberté intérieures, un truc de bourgeois bien éduqué et bien nourri ? Dans ce cas, nos sociétés bourgeoises occidentales remplies de nantis regorgeraient de gens heureux, libres et créateurs. Cela ne me paraît pas exactement le cas. Par contre, j’ai eu largement le temps d’observer que sagesse, joie et bonheur semblent plus fréquents chez ceux qui ont souffert et qui ont décidé de devenir libres et heureux. Cela, je l’ai entendu de proches au crépuscule de leur vie. Je ne dis pas qu’il faut souffrir pour devenir libre et heureux, cependant la souffrance constitue un ouvre-boîte indéniable de la conscience. Voilà certainement une de ses fonctions. On franchit une grande étape lorsque nous n’avons plus besoin de la souffrance pour grandir. Nous avançons de manière proactive et volontaire, parce que l’on a appris à aimer cela, parce qu’on adore le feu intérieur de la vérité radicale, parce qu’on devient plus à l’aise dans les infinis du vide qu’encapsulé dans les parois friables de l’illusion.
Le corps authentique
Je disais donc que, lors du choix d’une vie totalement authentique, la transition pouvait conduire à une chute de santé. Parfois un véritable processus de dissolution par maladie se déclare “opportunément”, souvent le cancer. L’âme, au plus profond, choisit de lâcher l’ancienne structure pour, dans le futur, en reconstruire une nouvelle, plus adaptée aux prochaines expériences et créations.
Cela se passa ainsi pour mon ami Robert, que j’ai accompagné jusque dans ses derniers moments. Peu avant qu’il ne plonge dans les états de conscience modifiés provoqués par l’agonie, nous nous remémorions ensemble cette conversation que nous avions eue deux ans plus tôt, sur l’île de la Réunion, alors qu’il venait de vivre des transformations intérieures et des modifications de conscience extrêmement fortes. Je l’avais invité à cette vigilance du corps et l’avais mis en garde sur le fait qu’il pourrait fort bien tomber malade. Robert, sur son lit d’hôpital, me confirma que ce scénario avait exactement eu lieu. Son être présent n’arrivait pas à absorber, à intégrer, à mettre en mouvement la conscience qui l’habitait depuis deux ans. Il me dit aussi qu’il ne regrettait rien. Il se sentait profondément en paix.
Ainsi, à l’heure des grands changements de la vie, chacun de nous peut sentir des tressaillements dans le corps, les prémisses possibles d’une maladie ou d’un accident qui vont engager le processus d’une dissolution de notre substance physique, plus ou moins rapide, plus ou moins violente. Durant cette introspection, on peut aller parler à son corps physique, ou plutôt parler en son corps. On peut y déclarer nos choix et nos décisions, jusqu’au fond de chaque cellule. Par déclarer, j’entends l’affirmation pleine et entière de ce que notre âme souhaite. Voilà un art difficile car, pour la plupart d’entre nous, nous ne souhaitons qu’une chose : rester en vie ! La personne temporelle le désire, mais pas nécessairement l’âme. Pour qui a appris à écouter son âme, le désir se joue en dehors du champ de la vie et de la mort. L’âme pose l’intention radicale, première, ultime, irrévocable. La forme suit. Quelle expérience veut-on vivre ? Quels autres rapports ? Que voulons-nous créer ? En cet instant, l’âme doit affirmer sa volonté au corps et à la personne temporelle qu’elle incarne.
Mon expérience — personnelle et avec les êtres proches que j’ai pu accompagner ou que j’accompagne aujourd’hui– m’a montré que le corps peut entamer des mutations très profondes sans mourir, à condition qu’on lui ait vraiment donné la permission de se dissoudre si besoin. Une vraie permission, un lâcher-prise total. En effet, si l’on se donne à soi-même cette permission de déconstruction, et ce, de manière libre et authentique, on autorise le corps à faire les transmutations qu’il souhaite. Alors, soudain, tout se débloque. La voie libre s’ouvre de nouveau à l’infinie créativité de l’âme, ce qui peut conduire à un processus de reconstruction, parfois même très rapide. Les forces de vie reprennent le dessus puisqu’on leur a laissé la place pour reconstruire et restructurer si besoin.
Ce lâcher-prise ne garantit jamais que la vie va reprendre. Sinon, aurions-nous un vrai lâcher-prise ?
De l’ego aux Lego
Ce même principe se mettait en action lorsque j’observais avec délectation mon petit garçon jouer avec ses Lego. Il construisait une œuvre — un vaisseau spatial. Quelques jours plus tard, ce vaisseau ne le satisfaisait plus. Pourquoi ? Plusieurs raisons : il pouvait avoir fait le tour des expériences possibles avec cette création, il souhaitait maintenant passer à d’autres expériences. Il pouvait également constater des insuffisances, des manques, des contradictions, des erreurs dans la structure ; il arrivait aussi tout simplement qu’il souhaite ajouter des fonctions, des possibilités. Dans tous les cas, il lui fallait transformer cette structure. Là se présentait le dilemme : allait-il garder l’œuvre — le vaisseau — déjà tellement jolie afin de la faire évoluer ? Ou fallait-il tout détruire, pour reconstruire mieux encore ? Se jouait une confrontation entre un attachement à la forme, et l’envie de la détruire pour composer une forme entièrement nouvelle qui, bien sûr, contiendrait en elle les expériences passées acquises, engrammées dans la structure. La pratique bouddhiste des mandalas de sable met en scène cette continuité créatrice par l’impermanence des formes.
Je vois beaucoup plus qu’une métaphore dans le jeu et la création artistique. L’aventure des Lego dernière reflète exactement la façon dont l’âme construit son instrument de musique dans la matière. L’âme, atemporelle, éternelle, sans forme, insatiable artiste, divine, extatique, à la fois Une dans le Multiple, et Une en l’Un et par l’Un. Sans le savoir, l’enfant met en scène le même rapport qui régit âme et corps. Quand il joue, pris dans sa passion créatrice et la force du jeu, l’enfant va jusqu’à s’oublier. Il devient le personnage en mouvement, il incarne le jeu. A la fin ou lors d’une rupture, l’enfant se rappelle à lui-même. Alors, le temps d’une pause, il prend conscience que tout venait de sa création. A quoi ressemblera sera sa prochaine trouvaille, sa prochaine expérience ? Vers quelles nouveautés vont se diriger ses forces créatrices ?
Nous vivons en tant qu’êtres créateurs, tellement créateurs que nous nous prenons tellement au jeu de la vie que nous en oublions l’âme créatrice initiale. Savons-nous jouer et créer sans s’oublier ? Oui, bien sûr ! Car alors plaisir, joie et créativité deviennent un feu d’artifice. Je parle d’expérience. Je vois même cela comme une essence de laquelle se distille la liberté. Existe-t-il plus grande extase que celui du compositeur totalement absorbé dans l’interprétation de sa musique ? Je n’en connais pas.
Pour l’être humain qui s’offre et s’unit à son âme, alors l’âme ne devient plus que la seule et unique réalité. Tout le reste, à commencer par la matière, prend une fonction d’espace expérientiel et artistique. Là où nous vivions dans l’illusion d’une réalité ultime, dure, solide, extérieure, nous nous mettons à voir un atelier d’art dans lequel nous pouvons pleinement créer, construire, déconstruire, en pleine et entière liberté. L’âme y opère comme puissance agissante et créatrice, elle invente des réalités et des mondes et va s’y installer, pour un temps. Il n’existe alors d’autre finalité que la puissance extatique de l’être créateur de lui-même. En cette pleine puissance êtrique, création, déconstruction, re-création deviennent un grand jeu, une célébration de chaque souffle, un érotisme permanent. La mort y prélude la prochaine création, plus belle, plus folle encore.
Vers l’âmusique
J’entends beaucoup de gens parler de leur “connexion” à l’âme, ou de “l’écoute” qu’ils ont de leur âme. Voilà une première étape, elle s’annonce par une dualité intérieure. A ce stade, on ne s’identifie pas encore à l’âme. L’âme parle au travers des cloisons plus ou moins épaisses de l’être temporel. On apprend à l’écouter. Plus on écoute, plus on s’engage sur un chemin de délamination de la gangue de l’être. Peu à peu les membranes, les cloisons tombent ou fondent, et l’âme se révèle comme la compositrice, l’interprète et la musicienne de toute chose.
Certains vivent cela avec une certaine intensité dramatique, d’autres passent par de joyeux lâchers-prise. Question de choix, une fois de plus. On peut vivre la tragique Mort d’Isolde de Wagner, ou célébrer l’extase érotique comme le fait Ravel dans son Concerto en Sol (ici le 2ème mouvement, écoutez comment on passe d’une tendre berceuse à des dissonances érotiques qui mènent à une explosion extatique). On peut aussi aller se perdre dans des rythmes passionnels et sanguins (This is not a tango — Juju orchestra) ou se laisser allumer par les couleurs psychédéliques de l’électro (Second Revelation – Doof).
Dans le légo de la matière, l’âme, construit son instrument de musique –la personne– et en joue, comme on joue du piano ou de la harpe. Elle joue du M. Dupont ou Mme Durant, du vous, du moi. Mon instrument de musique s’appelle Jean-François Noubel. Cet instrument, il y a des choses qu’il sait bien faire, et d’autres qu’il ne fera jamais. On ne tire pas un son de trompette avec un piano (sinon il vaut mieux appeler l’accordeur).
Peu importe l’instrument : l’infini créatif s’ouvre à nous. Même avec une boîte de conserve et un bout de bois. Là réside notre liberté, totale, infinie. Beaucoup se plaignent des limitations de leur instrument parce qu’ils n’ont pas encore trouvé comment bien en jouer. Ils n’ont pas encore bien réalisé leur incarnation. Manque de courage ? Peur ? Processus évolutionniste ? Peu m’importent les interprétations. Comme dans le cas des Lego, on peut peaufiner son instrument, améliorer sa pratique, ou tout détruire pour construire un autre instrument et une autre pratique. Le compositeur-interprète –l’âme– encore une fois, décide.
Un jour, l’être physique et temporel finit par entrer en osmose parfaite avec l’âme. Il ne se vit plus comme espace de tous les efforts et toutes les limitations. Tous ces discours qui font de la vie une longue ascension souffreteuse, avec ses étapes, ses chemins, ses séquences, ses religions, ses cartes, deviennent caduques. L’instrument s’efface, il quitte le centre de l’attention pour laisser place à la musique, infinie, universelle, créatrice de sa propre substance, nourrie de sa propre joie. Peu importe qu’elle joue en solo ou à plusieurs. Faut-il une existence de riche, jeune et bien portant pour y parvenir ? Certainement pas ! Je rappelle qu’il suffit d’une boîte de conserve, d’un bâton et de beaucoup de joie intérieure pour produire la plus divine des rythmiques qui, en retour nourrit la joie et construit la maîtrise.
On rencontre alors son plus beau cadeau.
Bon… et concrètement ?
J’ai commencé par la maladie pour évoluer ensuite vers l’âmusique. Tout ceci peut sembler une suite de digressions, aussi puis-je maintenant récapituler en quelques points :
- La santé du corps s’offre en miroir des situations et transmutations opérés par notre âme ;
- Une profonde évolution décidée par l’âme peut conduire à des défaillances de santé, voire à une destruction complète du corps ;
- Plus on devient son âme, plus on comprend et contrôle les mécanismes de l’existence physique, et moins on se laisse traumatiser par le contraste vie-mort :
- A toutes les étapes, nous avons le choix quant à la musique que nous allons jouer.

Merci de t’exprimer une nouvelle fois, de mettre les mots justes, de proposer du sens qui inspire et qui résonne. Merci d’être contagieux par tes écrits et plus simplement par ce que tu es.
“La souffrance ouvre la conscience, c’est indéniable”: Ô combien vrai !
Cela pose la question de la lucidité.
Il est relativement aisé de constater que sa propre souffrance permet d’ouvrir sa conscience…. “après-coup”, avec le recul, lorsque l’on ne souffre plus.
Mais en pleine souffrance, dans la maladie ou la douleur, comment avoir la lucidité pour accepter cette même souffrance en tant que moyen pour se transformer et grandir ?
Est-ce ce qui arrive lorsque l’on qualifie certaines guérisons de “miraculeuses” ? des personnes suffisament lucides et “conscientes” pour transcender leur maladie, pour lâcher prise et soit accepter la mort soit guérir ?
Cher Marc, merci pour ton feedback.
Tu demandes :
Je crois que lorsqu’on a déjà cette lucidité, le rapport à la souffrance n’est plus du tout le même. Tout dépend donc du niveau d’évolution de la conscience de la personne qui traverse une maladie. Pour la majorité de nos contemporains, on ne fait “qu’attraper” une maladie, un peu comme un mauvais numéro tiré au loto. Ensuite, l’humain est traité comme un espace de réactions physico-chimiques, suivant l’approche réductrice de la pensée occidendale qui ne sait pas voir les liaisons entre les choses.
Il y a cependant des personnes qui comprennent bien la nature de l’épreuve qui les attend. Mais c’est tout le paradoxe de l’épreuve : si elle arrive, c’est qu’il y a un “examen” à passer, quelque chose à transformer, sinon cela n’arriverait pas. Donc, par nature, c’est quelque chose que notre être physique et temporel ne sait pas et qu’on attendait pas. A nous de développer les pratiques qui nous permettent la reliance à l’âme pour comprendre. C’est la première étape. L’étape suivante, c’est lorsque l’âme est devenue totalement prédominante et qu’il n’y a plus de dualité intérieure. La maladie prend alors un tout autre sens.
Il y a des miracles qui se produisent aussi pour des personnes qui ne sont pas lucides ni conscientes, et pour autant leur âme a jugé bon que l’expérience du miracle était nécessaire et faisait partie du chemin. L’âme, qu’on y soit relié ou pas, qu’elle ait pris toute la dimension de l’être ou pas, reste l’âme, omnisciente, éternelle créatrice.
Cela te semble-t-il juste ? Cela rencontre-t-il ton propre ressenti ?
Bien à toi,
Jean-François
oui c’est juste !
Thanks
Bravo, je n’aurai pas dit mieux !
Vous exprimez tout ce que je pense, ce que je sais mais j’ai une moins belle plume ou je suis moins patiente;
Je suis une passionnée qui vit dans l’authenticité depuis toujours et ce, sans connaitre la maladie, or, je me dévoue corps et âme à accompagner ceux qui en sont touchés par l’écoute bienveillante que je transforme en remèdes floraux entre autres médecines douces.
L’authenticité, c’est ce que l’on a là au fond du coeur, dans nos cellules et ça nous porte…
Je me suis permise de diffuser votre article sur ma page Facebook Universgais-Britt
Au plaisir, Britt
Merci Britt !
OUI OUI
C’est certainement la JOIE DE VIVRE qui sous tend le corps, le bon fonctionnement du corps qui lui
n’est autre que le foyer de l’ame….
Ces derniers mots sont produits par ma tete…qui n’est que partie infime de mon etre total…
et qui pourtant , la tête , est le programme “par defaut” : corps et ame ensemble attendent patiemment
qu’elle reintegre le tout!!!Et si la compréhénsion est lente, le corps , relais de l’ame ou tout simplement incarnation va reprendre la priorité pour indiquer le chemin à prendre.
Plus concrètement, l’experience de 3 jours au fond du lit,( si insignifiante) avec une rage “dedans” et une fievre bouillonnante m’ont clairement indiqué une erreur de parcours mais surtout coupée de cet enthousiasme de vivre, de partager de communiquer…
Etre à l’aise dans le corps est la traduction simple de” le corps est le “temple”” où la vie est à l’oeuvre : c’est la condition de base de l’existence….de la source, c’est l’incarnation de l’ame,…. oui…. avec son projet de manifestation et… oui avec son unicite : formes et structures produisent des sons differents et…. oui…, ce qui nous apparait comme un outil est bien là et.. oui… cet instrument peut produire des sons divins si nous n’oublions pas de devenir des virtuoses de la joie…
.AMEN ou OM ou …..OUI à la vie.
Jean François, ton article est magnifique, merci !!!
Pour terminer (si je peux me permettre) j’ajouterais que de rechercher d’une manière saine et spirituelle à regarder la mort en face est un processus initiatique que propose de nombreuses traditions et que la transformation induite par cette expérience est capitale pour s’investir dans l’épanouissement de l’Etre et abandonner la course à l’avoir.
(;-)))
Merci à toi également 🙂
En effet, vivre la mort à chaque instant, c’est réaliser pleinement l’acte de vie, de l’ici et du maintenant dépouillé des pensées, des attentes, des projections. Quand j’entre dans la mort, je deviens mon être empli par la finalité créative de lui-même. Cet être fait donc acte d’univers.
La course à l’avoir est toujours l’expression d’un manque d’être. En voulant capter la portion d’être qui manque à l’extérieur de soi, on en oublie que l’être jaillit de l’intérieur du fait de sa propre décision, de sa propre impulsion. Une fois ce pas réalisé, l’avoir prend alors une toute autre dimension : il devient le jeu créatif de l’être. Jeu dont les ingrédients — qu’on appelle “richesses” — apparaissent comme par magie, cette phénoménologie qu’on appelle “providence”.
Tiens, voilà qui m’inspire un tout petit post 🙂
merci pour la musique de tes mots qui résonnent en moi….et amplifie ma Joie….
J’ ai lu il y a longtemps que les vibrations d’ un bourgeon qui s’ ouvre sont d’ une même nature que celles d’un homme qui souffre……nous passons donc de printemps en printemps à nous ouvrir ….à la Conscience de notre âme….et à la découverte de cet Espace Temps ou coeur,corps, âme réunis nous nous sentons relié à tout ce qui vit….ou tout n’ est que Paix, Joie et Lumière…..
Merci pour ce superbe témoignage!
J’ai 61 ans, j’ai vécu dans un cocon de bourgeoise pendant trop longtemps jusqu’au jour où n’y tenant plus j’ai tout claqué et me suis encourue de ce monde stérile…Je me suis retrouvée seule face au cancer sans plus de sécurité financière ni affective ce qui m’a permis d’ouvrir tous mes sens pour survivre au début et devenir un merveilleux papillon par la suite!
Je crois que tout changement doit passer par la souffrance! Aller au fond de soi pour y trouver toutes les ressources pour vivre une vie meilleure…malheureusement l’homme ne veut pas souffrir parce que cela le met dans une zone d’incomfort inacceptable lui élévé dans le matériel et le couvage dès la naissance! Alors pour ne pas souffrir, il se bourre de médicaments qui le fait vivre dans un état second qui lui tue tous les neurones lui permettant de penser et réfléchir!
Depuis mon cancer j’ai fait un long travail sur moi par le biais de la kinésiologie, le chamanisme, la psychologie et j’en passe…passant de stages en formations rencontrant un monde de souffrances qui essayait de ne pas se faire droguer par le monde médical mais tentait de trouver d’autres alternatives.
De fil en aiguille, je suis rentrée dans la connaissance de mon fonctionnement à la fois du corps grâce au cancer, de l’esprit grâce au fait que j’ai trouvé la clef pour y rentrer et cette clé est d’être née avec un cerveau de surdouée, de mon âme mon Moi grâce au chamanisme!
En psychologie ne dit-on pas que pour être un être complet il faut être autonome conscient de ses compétences et avoir une appartenance!
Je suis devenue une femme passionnée…donc intarrissable sur mes découvertes!
Ma découverte la plus récente est donc la peur de la souffrance intimmement liée à la peur de la mort qui amène invariablement à une catastrophe la prise de médicaments que ce soit vaccins, rilatine, antidépresseurs…pour ne pas parler de la nourriture toxique, des ondes électromagnétiques…De toutes ces choses qui entrainent de façon certaine le cerveau à ne plus savoir penser car destruction de nos neurones du préfrontal ceux qui nous permettent de penser.
Alors quand Capucine parle des émotions qu’à susciter la mort par un mur des enfants belges ( je suis belge et mes enfants ont été dans l’école d’Hervelee) je l’invite à apprendre à gérer ses émotions que sucite cette mort car le stress généré par ces émotions produit une véritable alchimie trop de cortisol et d’adrénaline détruisant petit à petit l’ADN de ces neurones faisant vieillir le cerveau pensant prématuremment!
J’en suis arrivée à la terrible conclusion que je me battrais jusqu’à ma mort pour faire prendre conscience à ces mères couveuses qui sont occupées de se détruire parce qu’elles ne s’aiment pas, qui cherchent désespérement l’amour de leurs enfants en les surprotégeant de gérer leurs émotions et de surtout apprendre à s’aimer elles mêmes car comme disait Christiane Singer les personnes qui ne s’aiment pas sont toxiques pour les autres!
Depuis des années, je travaille dans le monde des ados qui vont mal, même très mal ceux qui sont rejetés par la société parce qu’ils fonctionnent différemment et comme toujours la différence fait peur!
D’où mon constat des mères toxiques qui pour empêcher que leurs enfants souffrent se laissent manipulés par les psychiatres…et des pères lâches qui abandonnent leur rôle de protection et de cadre dans les aventures de la vie!
A quand cette conscience chez les pères qui se laissent manipuler par les mères!
J’en ai rencontré grâce à un mouvement créé par les américains ”l’aventure initiatique des nouveaux guerriers” et je me suis inspirée de ça pour créer des semaines initiaques pour pères et ados!
A voir à ce sujet la vidéo d’Annick de Souzelle introduisant le livre qu’elle a écrit avec Pierre Yves Albrecht “L’initiation ou ouvrir les portes de notre cité intérieure”
En conclusion, je fais partie de ces 20% de personnes visionnaires dans les 80% d’aveugles parce que l’Univers nous a doté de gènes permettant de voir la globalité des choses et donc la forêt!
A nous de ne pas employer ce don pour manipuler le monde des aveugles en utilisant le pouvoir tel Hitler mais en l’utilisant pour créer un monde nouveau conscient de ses peurs et croyances limitatives!
Le monde des aveugles a besoin de règles pour fonctionner, le monde des visionnaires a besoin de se soummettre à ces règles établies pour ne pas être rejeté et traîté de fous…mais aujourd’hui je m’en fous des règles établies par ce monde là et je vous ai écrit avec plein de fautes d’orthographe car je n’ai pas de temps à perdre…j’ai autre chose à faire dont celui de conscientiser le monde de l’éducation, les parents, l’école que nous sommes occupés de détruire l’humanité de nos cerveaux pensants et réfléchis!
Bonjour et Merci !
Mon âme murmure et j’écoute cette petite voix…..
Elle m’a conduite chez Viviane Josée…..je remercie l’Univers de me parler si fort…et je me remercie d’être à l’écoute…..
J’ai maintenant hâte d’être à Samedi 05 Mai ….
Et de vous rencontrer – A tout Bientôt
Maïtha
Adeline, ma proche amie que j’évoque en début de texte, maman de 3 enfants, nous a quittés début juillet 2012. Ce texte, et les échanges qui ont suivi par la suite, ont beaucoup compté pour elle. Nous avons longuement parlé et exploré le sens qu’elle voyait en sa maladie. Elle a quitté la vie en paix.