Le texte qui suit vient de l’ouvrage d’André Moreau : “L’effort est le signe de l’erreur” – achetable en livre papier sur le site d’André Moreau, ou téléchargeable sur Lulu.com
J’en admire la précision, la véracité, l’humour, l’oser être, pleinement, totalement. Et pas de fausse humilité, l’une des nombreuses manifestations de l’arrogance et de l’ego. Le court extrait vidéo à droite vous donnera un peu plus de contexte sur cet homme que j’ai découvert avec délectation et qui aujourd’hui compte parmi mes amis.
Quand j’explore les ressorts de l’action chez un individu éveillé, je constate qu’il est mû par une force d’exécution de la pensée qui tient des meilleurs pilotes «Top Gun» de l’aviation américaine. Ces gens-là vivent une tension extraordinaire. Ils manipulent des engins fabuleux qui coûtent des centaines de millions de dollars et peuvent dévaster une ville entière. Ils circulent en plein ciel à des vitesses plusieurs fois supersoniques, faisant vibrer des tonnes de métal sous leurs fesses en volant comme des anges. La moindre erreur peut leur être fatale et pourtant, ils doivent fonctionner au centième de seconde. Il y a beaucoup de cette urgence et de cette précision technique dans la passion de l’homme éveillé. La masse gigantesque qu’il sent derrière lui n’est pas celle d’un TA-4 Fighter, mais celle de son être absolu, infini, magistral, éternel. Il n’est pas soutenu ici par une masse de métal conçue comme représentation, mais par une force pensante totale qui embrasse toute la vie. Cet être, cette immensité qu’il porte en lui n’a rien à voir avec un Dieu transcendant qui le protégerait. C’est une puissance dangereuse qui se nourrit de ses pensées. Elle est sous sa domination. Que va-t-il faire avec cette énergie qui peut se déchaîner à tout instant et se veut complètement inutile en soi, bien qu’elle puisse faire se mouvoir les mondes ? L’éveil, c’est l’accession de l’esprit à une maîtrise supérieure qui peut entraîner l’homme à sa plus parfaite réalisation comme à sa plus totale destruction. Certains trébuchent sur une expérience vaste qui les plonge sans crier gare dans un monde pour lequel ils ne sont pas prêts. D’autres voient venir de loin cette expérience tout embrassante qui vient les délivrer des lenteurs, des opacités, des imprécisions de la vie empirique. J’ai toujours pensé que j’étais engagé dans un combat pour la reconnaissance consciente de l’absolu que je suis. Il n’est aucun de mes gestes qui ne soit orienté vers ce but qui consiste à m’actualiser comme être à l’infini tout en rendant manifeste l’énergie qui constitue le noyau ultime de chaque conscience libre. Ce déchaînement d’énergie, de réalité et de force est plus fort que la politique, la finance, la technologie, le droit, le sexe et la mort. C’est un acte suprême au moyen duquel je m’initie à la vie divine en me donnant l’être, en vivant le tout, en pensant l’impossible. Un jour, on repensera à tout ce que j’ai dit et écrit. Une civilisation naîtra de ma philosophie. Les petits-enfants de ceux qui me méprisent actuellement trouveront leurs grands-parents bien ignorants de m’avoir méconnu et voudront savoir qui je suis. Ils n’auront qu’à composer mon numéro de téléphone, car je serai toujours parmi eux en train de créer, de provoquer mes concitoyens et d’exprimer mon être. Mais de façon plus parfaite encore, c’est en actualisant leur «Je suis» qu’ils parviendront jusqu’à moi. Ils me verront sourire dans leurs pensées. Et tandis que les gens de l’époque actuelle ne seront plus que de vieux débris, je serai toujours jeune et passionné.