La propriété constitue une des marques de fabrique de l’intelligence collective pyramidale (la forme d’intelligence collective qui prédomine encore très largement dans nos sociétés). Elle a une origine purement culturelle, et non universelle contrairement à ce le droit le laisse à penser.
Sur le plan de l’évolution de la conscience, le sens de la propriété (posséder quelque chose) existe en tant qu’étape temporaire sur l’échelle développementale d’un être humain, en particulier dans les société pyramidales. Un humain qui a suffisamment évolué n’a aucune envie ni aucun besoin de posséder quelque chose. Il préfère en devenir le serviteur ou le gardien pour les générations à suivre. Les peuples premiers ont depuis longtemps socialement développé ce niveau de sagesse.
Vu que la propriété se trouve au du cœur des sociétés à intelligence collective pyramidale, la plupart des gens ne dépassent pas ce stade dans leur développement personnel, car rien ne les y encourage. On reste enchevêtré dans l’étoffe sociale de son époque. Ceux qui veulent continuer l’aventure spirituelle et le chemin vers la liberté, réalisent vite le caractère illusoire de la propriété et de la possession. Ils prennent conscience des mécanismes archaïques de peur et de séparation qui agissent inconsciemment sous la bannière de la propriété.
La relation que nous établissons avec les biens matériels se voit influencée par les moyens employés pour y accéder. Viennent-ils de vols, de conquêtes, de trocs, d’achats, de prêts, de cadeaux ? Suivant le moyen d’acquisition, les destins et les dynamiques sociales attachés à chaque objet diffèrent grandement.
La monnaie conventionnelle rare, il faut la conquérir la plupart du temps. Tout achat, aussi neutre puisse-t-il paraître, s’affilie à cette conquête originelle. Cet esprit de conquête, de compétition, de propriétarisation, de possession, baigne dans l’air, dans la culture, au point que nous n’y pensons même plus. Il infuse toutes les transactions effectuées en monnaie rare. On ne voit plus ça avec les monnaies “suffisantes”, qui existent en proportion directe avec notre capacité à échanger (comme l’air que l’on respire, on n’utilise que ce qui nous suffit). Quant à l’économie du don, elle crée une dynamique qui nous affranchit de tous les maux que je viens de citer.
Ainsi le design même d’une monnaie provoque et perpétue certains états de conscience. Prédateurs, archaïques, conquérants pour l’argent rare. Ouverts et généreux dans le cas de monnaies suffisantes. Compassionnels et créatifs dans le cas de technologies soutenant une économie du don. L’obsession de la possession nous taraude moins dans une économie des monnaies libres que dans une économie de l’argent rare. Elle nous quitte totalement dans l’économie du don.
De plus en plus de gens se rendront compte que l’évolution de conscience de l’humanité passera par la naissance d’un nouveau langage, vivant et non aristotélicien, le langage des flux. Une révolution aussi importante que l’écriture en son temps.
Avez-vous une objection concernant la propriété ? Si vous payez quelque chose avec une monnaie autre que l’argent, continuez-vous de penser que vous le possédez ?