Ne faites vous pas encore un rêve utopiste en imaginant la société post-argent ? Ne va-t-on pas retrouver encore les mêmes dangers de déshumanisation que l’on retrouve dans les utopies et les expériences d’ingénierie sociale ?
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Les rêves utopiques s’avèrent dangereux quand ils ne passent pas le test du principe de réalité, autrement dit quand ils n’intègrent pas les lois de l’univers (le Vrai).
Les utopistes qui voulaient faire voler les plus lourds que l’air ont dû se confronter à la réalité et ses lois universelles. Test réussi, on connaît la suite.
Une utopie dangereuse typique, et qui a toujours échoué, se produit quand quelqu’un veut que chacun vivre en conformité à un modèle. Il y a “industrialisation” de l’idée d’un seul vers tous les autres. On retrouve les « -ismes » issus de l’ère industrielle. En niant la diversité d’un système vivant, on le tue. Boris Vian l’a bien exprimé lorsqu’il écrivait : “Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tout le monde, mais le bonheur de chacun“…
Je me confronte donc au principe de réalité lorsque je postule que nous pouvons concevoir des technologies qui expriment, organisent, mesurent, et font circuler la richesse. Les technologies de la richesse relèvent d’une réalité tangible de tout le vivant. De manière biologique, elles existent déjà dans nos corps individuels, et dans les organismes sociaux à bien des égards. Je crois donc au contraire que l’utopie d’une humanité ayant sophistiqué ses technologies de richesse passera brillament le test du principe de réalité. D’ailleurs, cette même réalité ne nous montre-t-elle pas à quel point le système monétaire actuel se heurte à ses limites ? Qui rêve dans l’histoire ? Les futures technologies de la richesse n’imposent rien, elles ne font qu’offrir un langage aux gens pour s’auto-organiser de manière transparente et démocratique.
Il y a un exemple qui illustre bien cela. Si j’offre à mon enfant un jouet déjà tout fait – par exemple un château médiéval – cela n’a pas le même sens que si je lui offre des cubes ou des Legos. Dans le second cas, il peut infiniment créer, recréer, évoluer, sophistiquer ses créations suivant sa propre évolution. Il demeure libre et souverain, alors que dans le premier cas on lui impose une forme avec laquelle il ne peut vivre qu’une seule expérience. Même chose pour les technologies de la richesse versus l’argent. Les technologies de la richesse offrent un langage infiniment composable, l’argent impose une forme unique de société.
Ne faites vous pas encore un rêve utopiste en imaginant la société post-argent ? Ne va-t-on pas retrouver encore les mêmes dangers de déshumanisation que l’on retrouve dans les utopies et les expériences d’ingénierie sociale ?